jeudi 28 mars 2013

Paris vue de l'espace

( "Image courtesy of the Image Science & Analysis Laboratory, NASA Johnson Space Center")
Merci la NASA
The colors of the agricultural fields surrounding Paris are striking in the springtime, even when viewed from a 400 km orbital altitude. Astronauts on board the International Space Station photographed Paris using a digital camera and downlinked the image to the ground.

lundi 18 mars 2013

Paris en goguette américaine

Merci http://next.liberation.fr/cinema/010148627-paris-en-goguette-americaine

Critique

Paris en goguette américaine

Par AZOURY Philippe
Paris a perdu les Jeux olympiques mais question tourisme Paris va mieux, merci. Les Américains n'ont plus peur d'y faire leurs courses, les french fries sont redevenues comestibles et, au Festival de Cannes, deux films américains tournés à Paris, le Marie-Antoinette de Sofia Coppola et Da Vinci Code de Ron Howard, célèbrent l'entente retrouvée. Il faut désormais y ajouter Paris je t'aime, film collectif artistiquement international, constitué de 18 sketches (sept minutes chacun) célébrant autant de «quartiers» parisiens ­ le concept d'arrondissement ayant été abandonné en chemin.
Claudie Ossard (37°2 le matin, Amélie Poulain...) et Emmanuel Benbihy, qui en avaient eu l'idée avec Tristan Carné il y a sept ans, ont réussi le tour de force de faire venir (pour un caméo dont on serait curieux de connaître le prix) une troupe de poids lourds, du côté des cinéastes ­ Gus Van Sant, Olivier Assayas, les frères Coen, Walter Salles, Nobuhiro Suwa, Wes Craven, Bruno Podalydes, Christopher Doyle (chef opérateur de Wong Kar-wai) et Gérard Depardieu (assisté à la réalisation par Frédéric Auburtin) ­ comme de celui des acteurs. Le déluge successif de stars bankables telles Juliette Binoche, Natalie Portman, Steve Buscemi, Nick Nolte, Gena Rowlands, Ben Gazzara, Maggie Gyllenhaal, Willem Dafoe, Gaspard Ulliel, Ludivine Sagnier, Fanny Ardant, Bob Hoskins, Marianne Faithfull sont le signe d'un projet qui n'a voulu rechigner sur rien.
Vu de l'extérieur. Dans le milieu du music-hall, lorsqu'un artiste vient cachetonner pour un tour seulement, on dit poliment qu'il passe en vedette américaine. Paris, je t'aime, c'est un peu Paris en vedette américaine. Tout le monde en parle mais la ville n'est pas vraiment à l'écran, on voit les rues (tiens, aucun cinéaste n'a osé tenter un truc entièrement en intérieur) et leurs tribus (pour parler mal, comme les sociologues), mais l'oeil qui les filme ne fait jamais que passer. Anecdotiquement, sur 18 sketches, plus de la moitié décrivent des Américains en villégiature. Porter sur Paris un regard extérieur, étranger à nos crises intestines, a déjà donné de bons films (les Favoris de la lune du Géorgien Otar Iosseliani par exemple). Le problème ici, c'est que ce regard extérieur est immédiatement synonyme de tourisme. On sait tous d'expérience qu'une ville que l'on traverse en visiteur ne donne à voir que ce qu'elle veut bien montrer : son charme romantique, ses lumières enjoliveuses, ses cafés, ses filles jolies, son art de vivre, son bien boire et son bien manger. Qui a dit accablant ?
Ce n'est pas un hasard si l'une des rares vraies réussites du film est le Tuileries des frères Coen, avec Steve Buscemi en ahuri assis sur un banc de métro cherchant à caler son désir quelque part entre la Joconde et son envie pressante de love affair. Il finira la gueule explosée par un jaloux excité. Ça s'appelle jouer la déception. Pas un hasard non plus si le plus délirant des 18 micro-films, le Place des Victoires de Nobuhiro Suwa, que l'on n'a jamais vu aussi lâché, prend un prétexte grave (la mort d'un enfant) pour arriver à un trip onirique, avec Willem Dafoe en John Wayne sur son cheval : un rêve de gosse sans doute, Paris western ! Le reste est une évocation d'une ville décor, où bizarrement les filles tombent beaucoup (à terre) et où les garçons pensent beaucoup à les tomber (deux scénarios sur trois ­ avec une variante garçon tombant garçon chez Gus Van Sant dans le Marais). Une ville décor, où personne ne travaille, ne vote, ne souffre d'autre chose que de maux de coeur. Paris quand on l'aime (sous-entendre quand on s'aime), ça ressemble furieusement à Boboland.
Visite guidée. Dans un projet où les cinéastes sont assignés à un seul quartier, à ses codes, à son économie, seul Walter Salles et Daniela Thomas ont osé le récit d'une fille socialement pas du quartier (voire même de proche banlieue) qui, le matin à l'aube, traverse Paris comme on traverse les apparences pour se rendre dans le XVIe arrondissement chez ses riches employeurs.
Pour le reste, blacks, beurs, asiats ont droit à quatre sketches (chez Salles, Chada, Doyle, Schmitz). On peut légitimement parler de minorités poussées à la limite du hors-champ. Sans eux, pourtant, la visite guidée de Paris musée par des tours opérateurs grands chic et talentueux (le surprenant Parc Monceau d'Alfonso Cuaron) tourne à vide. Car les visites, c'est toujours pareil : au bout d'un moment, on rêve de se tirer en douce et d'aller voir le réel.
Paris, je t'aime, film collectif de Gus Van Sant, Olivier Assayas, Walter Salles... (France). 2 heures. En salles le 21 juin.