samedi 25 juin 2011

Jacques Brel, La chanson des vieux amants

Pour un exercice sur passé composé, passé simple et imparfait, et la liberté avec laquelle on peut les utiliser



Et voici des reprises:






mardi 14 juin 2011

Article du jour: Archéologie : encore des trésors sous les pieds des Parisiens

On peut lire sur Rue 89 un petit article, bien illustré d’une carte interactive, sur les dernières découvertes archéologiques à Paris, avec quelques considérations sur la patience de l’archéologie préventive urbaine: Archéologie : encore des trésors sous les pieds des Parisiens.

jeudi 2 juin 2011

Bastille - transcription


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Il regarda sa femme qui traversait la rue. Elle portait le trench rouge dont elle jurait chaque année de se débarrasser et qu’elle finissait pourtant par ressortir du fond de sa penderie d’une année sur l’autre. Elle agissait comme ça pour tout, et c’était justement cette particularité qui l’avait attiré quand il l’avait rencontrée pour la première fois. Les mêmes vêtements portés encore et encore, les grandes piles de rouge à lèvres auxquelles elle ne touchait jamais, cette chanson « Le tourbillon de la vie » qu’elle entonnait en cuisinant des quenelles faisaient désormais partie d’une vie qu’il trouvait étrangère et projetait d’abandonner entre le plat principal et le dessert.
- Bonjour Madame – Bonjour
Il réalisait l’incongruité à la fois étrange et logique de l’endroit qu’il avait choisi pour la quitter. C’était ici même qu’il s’était rendu compte pour la première fois qu’il ne l’aimait plus.
Lorsqu’elle se mit à sourire, il fut sur le point de crier « Je vais te quitter. Cesse donc de sourire ». Il se contenta de lui offrir un peu de son kir. Ce qui lui portait également sur les nerfs avec sa femme, c’était qu’elle ne commandait jamais de hors d’œuvre, ni de dessert, mais qu’elle mangeait toujours les siens presque en entier. Et le pire de tout, c’était qu’il finissait toujours par commander ce qu’elle aimait.
Je ne sais plus si j’aime vraiment les profiteroles, pensa-t-il d’un air grave et solennel.
Lorsqu’elle se mit à pleurer comme il ne l’avait jamais vue pleurer auparavant, la première chose à laquelle il pensa était qu’elle savait qu’il allait la quitter pour Marie-Christine, l’hôtesse de l’air fougueuse qu’il aimait depuis un an et demi.
Ça y est, pensa-t-il. Elle le sait, elle le savait depuis un certain temps ; j’aurais du m’y attendre.
Sans cesser de pleurer, elle sortit des papiers de son sac à main et les lui tendit. Dans une terminologie médicale aseptisée, les papiers décrivaient un cas de leucémie en phase terminale.
-Désolé.
En un éclair, la raison de ce repas s’envola de son esprit et une étrange voix métallique commença à lui dire « Il faut être à la hauteur des circonstances ».
Et c’est ce qu’il fit. Il commanda tout d’abord trois portions de profiteroles à emporter et il envoya un sms à sa maitresse.
Il entoura sa femme de toutes les attentions qu’elle lui avait jusqu’ici réclamées : accrocher les tableaux posés ça et là dans la maison, l’accompagner au cinéma dans la matinée pour voir ses films préférés, faire les soldes avec elle alors qu’il détestait le shopping, lire à haute voix « Spoutnik, my love » de Murakami ; et tout, même les choses le plus insignifiantes, avait une autre saveur depuis qu’il savait que ce serait la dernière fois qu’il pouvait la faire pour elle.
A force de se comporter comme un homme amoureux, il devint à nouveau un homme amoureux.
Et quand elle mourut dans ses bras, il tomba dans un coma émotionnel duquel il ne sortit jamais.
Aujourd’hui encore, après des années, son cœur s’étreint chaque fois qu’il voit une femme portant un trench rouge.

Lien:Le site officiel d'Isabel Coixet (イザベル・コイシェ)

Voici la chanson fredonnée: Serge Rezvani, Le tourbillon de la vie, interprétée par Jeanne Moreau et Rezvani à la guitare dans Jules et Jim de Truffaut: